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UN ÉTÉ À FLORENCE ET À ROME

un roman de JULIEN TEYSSANDIER 

en pré ventes jusqu'au 02 juillet 2023 

14,17€ TTC

Prix à l'unité : 17,00€

Florence

relié 160 pages

ISBN 9782378391768

PRIX 17,00 EUROS 

REMISE 10 % JUSQU'AU 02 JUILLET 2022

UN ÉTÉ À FLORENCE

ET À ROME

« On se fraye un chemin avec Solveig jusqu'à la périphérie de la ville. Son attention est focalisée sur le chat. Elle a la mine concentrée, comme lorsqu'elle poste une lettre et qu'elle attend, pour être sûr que sa lettre n'a pas disparu, l'écho du petit bruit qu'elle fait en tombant au fond de la boîte. Nous arrivons en-dessous d'un pont avec des rails. Distraits par le passage d'une rame qui doit sûrement rejoindre l'une des nombreuses banlieues de Florence, on lâche le chat des yeux pendant quelques secondes.

– Mince, il n'est plus là, me dit Solveig. Tu le vois, toi ?

– Non, je ne sais pas où il est passé. On devrait peut-être le laisser tranquille...

Solveig me fusille aussitôt du regard. Elle déteste que je me dérobe devant une difficulté quelle qu'elle soit (ce n'est pas un caprice de sa part, je le sais, mais une répugnance à abandonner comme tant d'autres face à ce qu'elle estime être la vie et ses douces commotions). Elle profite de ce court moment de répit où le chat semble avoir disparu pour attacher ses cheveux. Elle se fait un chignon hélicoïdal qui me surprend un peu au début, mais finalement lui va plutôt bien.

Alors qu'on pense devoir renoncer à notre course-poursuite, le chat de l'hôtel finit par réapparaître et par se glisser à l'intérieur d'une cour aux murs couverts de graffitis sur laquelle tombe, à fines gouttes, le soleil. Rien ne la limite que le ciel lavé, très bleu, et, tout au fond, des baraquements de bois qui donnent l'impression d'un curieux vaisseau posé là, au milieu de nulle part. Sur le chemin défoncé qui conduit vers la porte d'entrée, entrouverte, et dans laquelle le chat vient tout juste de s'engouffrer, des pneus de bagnoles font des ornières vertébrées remplies de ferrailles. Montent sous le soleil des caissons tirés par des chevaux d'enfants, conduits par des poupées aux figures douces et fermées, et derrière eux le vaisseau, couvert à l'infini de tentes, de pièces de marine sans affûts, bousculé de tags violets dont un, énorme, affiche le nom « PARADISO », et entouré par des sculptures aussi fines que des mâts de voiliers autour desquelles je crois voir des fumées lourdes de vapeurs sous pression (mais c'est peut-être la chaleur qui me fait divaguer). Solveig n'a pas changé d'objectif : elle veut toujours caresser le chat. Elle n'hésite donc pas à marcher vers le drôle de vaisseau. J'hésite à la suivre, et puis, tout compte fait, je me dis qu'il faut savoir parfois s'incliner face à la combinaison des hasards qui apparaissent dans notre vie (ma sagesse grecque reprend le dessus). 

JULIEN TEYSSANDIER

Julien teyssandier

Musicien classique de formation, Julien Teyssandier se consacre depuis plusieurs années à l’écriture. Après avoir publié deux essais sur l’art (le premier consacré au compositeur estonien Arvo Pärt, le second au peintre Odilon Redon), ainsi qu’un texte de prose poétique baptisé Métamorphose, il a publié son premier roman, Ceux qui voudraient fuir, en 2021.