Devant moi, à la table, je peux voir sa peau brûlée par le soleil, un peu usée, devant moi il y a ses années perdues qu’elle me crache à la figure comme une blessure, ces morsures de l'âme. Elle a pris le vol des goélands pour des promesses tenues, qu'est ce que j'y peux, de l'âge, du temps qui passe, des ratés de sa vie, de ses aigreurs. Elle croyait en lui comme à un totem, un Dieu d'éternité, elle aurait dû savoir que les hommes mentent pour ne pas mourir trop tôt, pour se conserver une belle image. Elle débarque à mon bord avec le vent en poupe et la révolte dans l'âme, elle me ferait couler avant la grève, ne plus écouter le chant d'or des souvenirs bénis, ne plus filer indigne et sans souci, seul et radieux comme un passant sans coeur. J'ai rien à lui offrir moi, elle aurait dû prendre quelque chose quand ses cuisses étaient encore jeunes, c'est trop tard pour lui offrir la gale d'amour, les souliers vernis de l'espérance,