À CHAOS, CHAOS ET DEMI !
50 récits-visions de CARINE-LAURE DESGUIN Illustration de couverture Jean-Marie Polon
Préface Eric Allard
Au fil de ces 50 récits-visions, Carine-Laure Desguin bouscule la langue, fait éclater la structure de la phrase traditionnelle et dissémine le sens pour dégager la fleur de la poésie des mauvaises herbes du langage d’usage commun, extraire le diable de l’image de la boîte aux Lettres fourre-tout. On sent chez celle une urgence, une nécessité à le faire car l’ancien art poétique (basé sur le rythme, la mesure, les rimes) perdure….
Sur un mode impersonnel (aucun élément ne peut être mis au compte de sa vie personnelle), Desguin rapporte un combat, à l’issue incertaine, celle qui oppose les forces de résistance, les passions tristes aux forces de libération de l’inconscient….
Surréalisme et (théorie du) chaos reposent sur quelques communs invariants : imprédictibilité, instabilité de l’équilibre, turbulence, non linéarité… qui sont générateurs de mouvement, de pensée ou au fondement du vivant, bien autrement que les systèmes périodiques parfaits qui sont, eux, synonymes d’arrêt, de mort.
(extraits de la préface d’Eric Allard)
Texte 45 : Ils ont pesé les urines, les matières fécales, les crachats, les humeurs vagabondes et les jets d’insomnie sous les caniveaux, ne sachant trop quoi faire d’un aérateur intestinal sans sa péniche, ils ont voté (dans un seul cénacle) sur des arabesques, se disant qu’il était grand temps de surpasser les aveugles et leurs entités.